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MAINE-ET-LOIRE

Entre Maine, Loire et Layon, savoureuse Anjou

GORANDO - Récit de voyage à moto - Maine-et-Loire

La Maine, rivière paisible, figure en bonne place dans le nom du département – Le Maine-et-Loire (49) – alors que, née de la convergence de la Mayenne, du Loir et de la Sarthe aux portes d’Angers, elle se jette dans la Loire après n’avoir parcouru que quelques kilomètres dans un paysage essentiellement urbain. Le Layon, lui, simple ruisseau, a dû se battre depuis sa source dans la commune de Saint-Maurice-la-Fougereuse (79) pour parvenir à traverser tout le quart sud-est du département, serpenter entre vallons et coteaux escarpés, dans des paysages de bocage et de vignobles afin d’atteindre lui aussi le fleuve, à Chalonnes-sur-Loire. Maine, Loire et Layon témoignent ainsi de la diversité des paysages et du patrimoine de l’Anjou.


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La Loire, fleuve majestueux

Notre escapade débute à Angers, au centre du département. Capitale historique et place forte de l’Anjou, c’est le berceau de la dynastie des Plantagenêt. La ville, qui bénéficie du label ville d'art et d'histoire est dominée par la forteresse du Roi René qui abrite les Tentures de l'Apocalypse, le plus grand ensemble de tapisseries médiévales connu à ce jour. Enfin, Angers se situe à la frontière du Val de Loire, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, et du parc naturel régional Loire-Anjou-Touraine. C’est le point de départ idéal pour la découverte du département.

Après avoir franchi la Maine qui, au pied du château et de la cathédrale Saint-Maurice coupe littéralement la ville d’Angers en deux, nous nous dirigeons au sud vers Bouchemaine. Le bourg, comme son nom le suggère se situe à la confluence de la Maine et de la Loire, que nous traversons presque immédiatement aux Ponts-de-Cé. Puis nous mettons cap à l’est. En ce début de matinée, les lumières sur le fleuve, les îlots et les bancs de sable sont magnifiques. Entre Juigné-sur-Loire et Blaison-Gohier la petite route sinueuse que nous empruntons, calée rive gauche tout contre une falaise de schiste est alors baignée de soleil. L’architecture est ici massive. L’ardoise sert à la fois à l’élévation des murs et à la couverture des maisons. Déjà, les quelques kilomètres parcourus au guidon de la Yamaha XJ6 N qui m’a été aimablement prêtée par la concession GoFast à Beaucouzé (49) près d’Angers ont été suffisant pour que je prenne en mains ma machine. Facile à guidée, puissante et coupleuse, elle est parfaite pour notre périple.

Peu après Saint-Rémy-la-Varenne, un premier arrêt est prévu dans le charmant village du Thoureil. Le paysage est déjà différent. Le schiste sombre a cédé sa place au tuffeau clair, une roche calcaire et poreuse typique de la région. Très tendre au moment de son extraction des carrières souterraines ou de pleins champs des alentours, elle laisse les tailleurs de pierres s’exprimer librement avant de se durcir au fur et à mesure de son vieillissement. C’est ainsi que les belles demeures s’ornent de corniches, fenêtres et lucarnes aux décors finement ciselés. Cependant les superbes édifices religieux que nous découvrirons durant notre escapade, telle l’abbatiale de Cunault et bien d’autres témoins de l’Art Roman mettront en évidence la fragilité du matériau et la nécessité de procéder à de fréquentes restaurations des bâtis. Sur l’autre rive, la Levée de la Loire masque et protège les terres cultivées de la vallée. Il est curieux de noter que les deux communes situées sur les rives de la Loire aux extrémités est et ouest du département tout comme Saint-Rémy-la-Varenne font référence au même terme : «varenne». Ce qui veut dire : «bonne terre arable limoneuse et sableuse».

Nous atteignons Saumur en milieu de matinée. Depuis l’esplanade du château un magnifique point de vue s’offre à nous. L’édifice domine le fleuve et la ville basse. Les toitures d’ardoise tranchent avec les murs de tuffeau et quelques plants de vigne apportent une touche colorée à ce décor bi-chromique. Au loin, rive droite, nous voyons très nettement les cultures maraîchères de la vallée.

Au-delà de Souzay-Champigny et en roulant toujours plus à l’est, à Parnay exactement, nous quittons un instant la route principale bordée de maisons de pêcheurs et de carriers pour gravir par de petites rues étriquées la falaise de tuffeau et atteindre ainsi l’église romane du bourg. Le panorama y est une fois de plus superbe. Au sud, le vignoble réputé du Val-de-Loire s’étend à perte de vue. Une rue étroite et très pentue (18%) permet de redescendre dans le village.

Nous poursuivons alors notre route jusqu’à Turquant. C’est là que nous déjeunerons ce midi. Des artisans d’art et quelques restaurateurs occupent les caves troglodytiques creusées dans le coteau et qui servent encore aujourd’hui d’habitat, de caves à vin ou de champignonnières. Au Bistroglo nous commandons une copieuse salade de rillauds – sorte de gros dés de lard grillés - et pommes de terre à la ciboulette. Simple et savoureuse, c’est un régal. Nous goûtons également avec modération (!) la bière artisanale et les vins issus des brasseries et domaines viticoles locaux. Le café nous sera servi sur la pelouse où des bottes de paille sont posées là, en guise de tables basses. Des transats colorés nous invitent à la sieste… pourtant, nous devons déjà reprendre la route.

Nous quittons la fraîcheur des lieux pour filer vers Montsoreau, petite cité rendue célèbre par le roman historique d’Alexandre Dumas : La Dame de Montsoreau. Au centre de la ville, le château plonge littéralement dans la Loire. Auparavant, au cœur des vignes, nous avons pu découvrir le Moulin de l’Herpinière. Contrairement à un moulin-tour plus commun construit intégralement en pierres et dont seule la calotte est dirigée vers le vent à l’aide d’un timon, celui-ci est un moulin cavier, typique de la région. L’embase conique construite en dur est surmontée d’une hucherolle, un corps mobile en bois supportant les ailes et le système d'engrenage. L’échelle qui permet d’atteindre la hucherolle sert également de timon. L’ensemble est entouré d’une construction basse, voûtée, parfois troglodytique, semi-enterrée ou remblayée qui sert de stockage, de cave, voire d’habitation pour le meunier.

Peu après Candes-Saint-Martin (37) nous nous éloignons des rives du fleuve et roulons alors vers le sud-ouest, en direction de Fontevraud-l’Abbaye. Le bourg s’est construit autour de l’Abbaye Royale, nécropole de la dynastie des Plantagenêt et qui est l’un des complexes abbatiaux les plus grands d'Europe. Après avoir traversé Brézé, Montreuil-Bellay et le Puy-Notre-Dame, trois petites cités au riche patrimoine architectural, nous arrivons en milieu d’après-midi à l’Étang de Beaurepaire qui marque l’entrée du Layon dans le département du Maine-et-Loire, à quelques kilomètres seulement de sa source.


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Les coteaux du Layon

Suivre le cours du Layon par les petites routes au travers des vignes, c’est avoir l’assurance de prendre du plaisir à rouler. Les virages se succèdent, la visibilité est souvent très bonne, l’enrobé n’est pas trop dégradé. De plus, le GPS n’est plus véritablement indispensable, les villages aux noms évocateurs ponctuant régulièrement le tracé : Chéré-sur-Layon, Passavant-sur-Layon… C’est justement à Passavant-sur-Layon que nous choisissons de nous arrêter un moment. Nous coupons nos moteurs. Dans une retenue d’eau formée par les eaux du Layon se reflète un vieux château-fort, partiellement ruiné. L’endroit est paisible et seule la petite cascade du déversoir se fait entendre. Nous hésiterons à redémarrer nos machines pour repartir.

Le rythme est maintenant plus soutenu. Il fait très chaud et prendre un peu de vitesse nous permet de mieux nous aérer. Nous faisons une halte au Château de Tigné, propriété de l’acteur Gérard Depardieu. Plus loin encore, à Beaulieu-sur-Layon, nous nous arrêtons de nouveau pour admirer le Pont-Barré. L’endroit est charmant. Pourtant, durant les Guerres de Vendée, Royalistes et Républicains s’affrontèrent ici violemment. À Saint-Aubin-de-Luigné nous quittons temporairement la vallée encaissée du Layon pour nous rendre au Moulin Guérin. Ce moulin-tour, dépourvu de mécanisme, a été aménagé en table d’orientation. Depuis son sommet, le panorama est extraordinaire. À l’entrée de la ville de Chalonnes-sur-Loire, le Layon se gonfle à nouveau, comme s’il refusait de se jeter dans la Loire, pour former alors une vaste étendue d’eau aménagée en base de loisirs.


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La Corniche Angevine

La route qui va nous permettre de clôturer notre escapade surplombe le fleuve tout en restant assez éloignée de ses rives. En effet, la Loire est ici bordée de vastes prairies inondables et impraticables une bonne partie de l’année. Elles sont bien visibles depuis le belvédère aménagé au lieu-dit La Haie-Longue, rive gauche, entre Chalonnes-sur-Loire et Rochefort-sur-Loire. Les champs en contre-bas du hameau ont ainsi été le théâtre de vols du pionnier de l'aviation René Gasnier. À Rochefort-sur-Loire nous franchissons plusieurs bras de la Loire et, juste avant de pénétrer dans Savennières, sur la rive opposée, nous bifurquons à droite vers Béhuard, unique commune située sur une île alluviale de la Loire en Anjou. Béhuard subit souvent les assauts du fleuve. Une échelle de crues placée au centre du village atteste des inondations successives. Les coteaux schisteux de Savennières que nous traversons en cette fin de journée sont réputés. Des vins blancs liquoreux y sont produits. Quelques kilomètres encore et nous voici de retour à Bouchemaine, puis enfin à Angers.

Une bien belle balade.

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